C'est
un très beau succès pour Mélenchon que le rassemblement parisien de ce
18 mars 2012. Un rassemblement patriotique, folklorique autour des
« sans culottes » prenant la Bastille, qui est une immense agression
contre une extrême-gauche déjà agonisante.
Car
le Front de Gauche se présente comme « crédible » et siphonne par
conséquent tout ce qui n'est pas sur une base très solide. Que répondre
au Front de Gauche qui met en avant du « concret », comment ne pas
apparaître comme diviseur par rapport aux masses ?
A
moins d'avoir une idéologie solide et des exigences strictes – ce qui
est notre cas – impossible de résister. On voit mal le Nouveau Parti
Anticapitaliste, Lutte Ouvrière ou les anarchistes résister à une telle
vague social-démocrate.
Authentiquement
« social-démocrate », car avec le thème mis en avant (la « 6ème
république »), on voit très bien comment la social-démocratie est le
frère jumeau du fascisme. Restructurer le système, mobiliser les masses
en faveur des institutions, redonner de la valeur à l’État... Voilà un
trait commun fondamental à la social-démocratie et au fascisme.
Mélenchon
est ainsi bien un contre-révolutionnaire, qui tente de dévier la colère
montante des masses populaires, pour les empêcher de basculer dans
l'autonomie prolétarienne et la Guerre Populaire. C'est le conflit que
Mélenchon veut éviter.
D'où la mise
en scène de « l'insurrection civique », qui d'ailleurs « choque »
Hollande, tout au moins en apparence, car il est évident que Mélenchon
et Hollande fonctionnent en tandem, avec une répartition des rôles ayant
comme fonction de brasser le plus large possible.
Sauf
qu'on ne peut aller à la fois vers le centre et vers la gauche, et donc
inévitablement le processus lancé par Mélenchon s'effondrera. Tout
comme la fausse écologie d'Europe écologie et d'Eva Joly s'effondrera
comme un château de cartes.
Car pour
exister, il faut du contenu. Il est possible de faire semblant un
temps, voire même quelques temps, mais sans contenu tout s'effondre
inévitablement. La CNT hier, le NPA aujourd'hui sont des exemples
parlants de gens s'investissant énormément, avec des victoires, pour une
défaite complète au final.
Voilà un
enseignement léniniste, un principe essentiel : sans idéologie, sans
base théorique, sans programme, sans Base d'Unité Partidaire (BUP) comme
disent les camarades du Parti Communiste du Pérou, il ne saurait rien y
avoir.
L'idée de foncer à
l'aveuglette, de participer aux « mouvements sociaux » et de tenter de
radicaliser en espérant que quelque chose en ressorte – voilà quelque
chose d'étranger au maoïsme, qui considère inversement que le socialisme
scientifique fusionne dialectiquement avec les masses populaires, dans
le processus révolutionnaire.
L'idéologie
maoïste est une lumière pour les masses et les masses produisent cette
lumière ; qui n'a pas confiance dans ce rapport dialectique et entend
forcer les choses n'a pas compris le principe d'insurrection de la
matière, n'a pas compris le matérialisme dialectique qui explique que la
matière éternelle va au communisme.
Souligner
cela est important alors que Mélenchon peut faire illusion, et il fait
illusion. Mais les contradictions de classe grandissent ; la crise
générale du capitalisme n'a pas d'issue ; le fascisme ne peut que
grandir encore, tout comme la tendance à la guerre impérialiste.
Et
inévitablement, la Guerre Populaire fraie son chemin dans ce processus,
selon les exigences du mouvement de la matière, qui va jeter le
capitalisme dans les poubelles de l'histoire, car c'est le sens de notre
époque.
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